Friday, May 30, 2008

La fois où je me suis bien fait niquer par un radar


C'est vrai que je roulais trop vite mais bon il faut dire que j'écoutais Petrushka de Mannick à fond dans ma jolie voiture de sport rouge, "Fais danser tes nattes blondes, ton petit chat reviendra" et du coup je me suis un peu enflammé.

J'ai pas vu le policier qui s'était perfidement caché derrière un verre à moutarde Goldorak. Il m'a pris, je devais être au moins à 500 à l'heure.

"Gendarmerie nationale, bonjour" il m'a dit, et j'ai bien compris qu'il avait pas envie de rigoler, surtout que ça devait l'énerver de pas être au FBI ou un truc comme ça.

Pendant qu'il regardait mes papiers on a discuté un peu. Je lui ai dit que j'adorais sa casquette, alors il m' a bien remercié et il me l'a faite essayer. Il m'a dit qu'elle m'allait super.

Je lui ai dit que quand on roulait sur de la toile cirée, c'était pas comme sur de la moquette, ça file tout seul. Je lui ai dit aussi que je l'avais pas fait exprès.

Mais dans l'ensemble, il n'y a rien eu à faire, ça m'a coûté mon permis.

Sans permis, forcément, c'est beaucoup plus dur de trouver du travail. Je me suis donc retrouvé dans une longue période d'inactivité, pendant laquelle il a bien fallu que je m'occupe pour ne pas m'embêter.
Et croyez-moi, il m'en est arrivé des histoires.

Wednesday, May 28, 2008

La fois où j'ai eu le démon de midi


Avant d’aller chez Adecco, j’ai décidé de profiter un peu de la vie et de ma prime de fin de mission.

Avec mes sous, je me suis payé une jolie voiture de sport rouge et pendant que j’y étais je me suis aussi mis au tennis (j’étais super bon).

On dirait pas comme ça mais c’est crevant d’avoir le démon de midi. Il faut crâner tout le temps et se tenir bien droit pour faire plus grand. En plus il faut porter une casquette pour cacher qu’on perd ses cheveux et quand tu roules avec la décapotable elle fait que s’envoler.

Après quelques semaines passées à mettre des 6/0 – 6/0 à tout le monde et à siroter des Pulcos au club house, j’ai enfin trouvé une fille qui allait bien avec ma voiture.

Je l’emmenais partout avec moi et on faisait des grands tours de bagnole. Des fois je savais pas trop quoi lui raconter mais c’était pas grave parce que de toute façon il fallait que je fasse le bruit du moteur en même temps.
Sinon aussi je lui récitais des poésies de Maurice Carême qui la faisaient pleurer.

Un jour pourtant on s’est disputé. Elle voulait jouer à la dînette et moi je voulais continuer ma vie d’aventurier. Quand on s’est quitté, elle était en larmes et moi j’ai fait claquer ma portière le plus fort que je pouvais et je suis parti en faisant grincer les pneus (parce que j’aimais bien le bruit que ça faisait dans Starsky et Hutch).

Comme j'étais triste mais que je pouvais pas le montrer, j’ai roulé super vite sur la toile cirée.

Et ce qui devait arriver arriva.

Monday, May 26, 2008

La fois où je croyais avoir trouvé une bonne planque dans le sud


Comme ma première mission chez Manpower s’était plutôt bien passée, ils m’en ont proposé une autre, un peu plus longue celle là : partir explorer le pôle sud.

Ca me disait bien de faire l’explorateur. Je me suis laissé pousser la barbe, comme ils font tous (c’est pour faire croire qu’ils sont super occupés et qu’ils ont pas le temps alors qu’en vrai ça prend 5 minutes le matin, tu parles d’une affaire.) et j’ai rencontré Monsieur Amundsen qui était le chef et qui était très gentil malgré son humour norvégien.

Et puis on est parti pour le pôle sud, où comme son nom ne l’indique pas, il fait un froid de canard.

Je vais pas vous raconter d’histoire, on s’est méchamment caillé. En fait, il pelait tellement que quand on faisait pipi, ça gelait tout de suite et ça faisait un arc de pipi glacé. Et je peux vous dire que les norvégiens, ils trouvent ça tordant.

On a bien rigolé, donc.

Surtout la fois où Olav s’est déguisé en ours polaire juste pour me faire peur. Apparemment j’ai dû faire une tête pas possible parce que Sverre est littéralement mort de rire. Ou de froid, on n’a jamais bien su.

Mais bon, l’un dans l’autre, on y est arrivé. On a planté un drapeau et et puis tous les gars m’ont serré dans leurs bras, ce qui a pas été le meilleur moment du voyage.

Sur le chemin du retour je me suis quand même demandé si pour ma prochaine mission j’allais pas plutôt aller voir chez Adecco .

Friday, May 23, 2008

La fois où je me suis fait piquer Claudia Schiffer par ce gros malin de David Copperfield


J’avais lu dans un magazine une annonce comme quoi Claudia Schiffer cherchait un mari magicien et qu’elle allait faire passer des auditions dans un grand hôtel de Las Vegas.


Claudia Schiffer, c’était la plus belle fille du monde. Elle était beaucoup trop belle, par exemple, pour être allemande, alors moi dans ma tête je la voyais plus comme une californienne.

Epouser Claudia Schiffer, c’est quand même un truc qui ne se refuse pas. Alors je me suis super entraîné à la magie, j’ai mis une cape et un chapeau et j’ai fait apparaître et disparaître des lapins tant que je pouvais.

Le jour de l’audition j’avais vachement le trac, mais j’ai rien laissé paraître. Sans bégayer une seule fois, je lui ai dit abracadabra, abracadabra, et paf ! un lapin tout mignon dans mon chapeau. Ca a bien marché mon truc.

Sauf qu’elle devait être allergique parce qu’à la fin elle a choisi David Copperfield.

Lui, pour faire l’intéressant, il l’a coupée en deux et après il l’a remise normale.

N’importe quoi.

Thursday, May 22, 2008

La fois où je suis parti en vacances avec le nouveau président Nicolas (et sa femme)



Chez Manpower ils étaient sympas et des missions de courte durée, ils en avaient plein.

Rapport à mon CV où j’avais mis que j’avais fait pirate (j'avais pas marqué qu’une fois j’avais vomi mon 4 heures), ils m’ont dit qu’ils avaient un travail pour moi sur un bateau.

Le nouveau président Nicolas voulait partir en vacances pour se reposer un peu et aussi pour se la péter sur son yacht, mais le problème c’est qu’il avait pas d’amis pour jouer avec lui.

« Donc Jim, (je me faisais appeler Jim à ce moment là, je trouvais que c’était plus doux, et puis aussi un mec m’avait raconté que Joe c’était le diminutif de Joseph), ta mission, si tu l’acceptes, c’est de partir avec le nouveau président Nicolas et faire son ami pendant quatre jours.»


J'ai accepté, vous pensez bien.


Dans l’ensemble ça s’est plutôt bien passé, sauf avec Cécilia la femme de Nicolas. Comment elle était pas commode, Cécilia ! C’est bien simple, elle voulait jamais rien faire. Par exemple avec Nico on était obligé de jouer aux jeux des 7 familles que tous les deux, parce qu’elle, elle voulait rien savoir. Et les 7 familles à deux, c’est pas très marrant. Genre, dans la famille Cochonnet , si Nico il avait pas le père, bon, ben j'avais plus qu'à piocher.

Du coup au bout d'un moment Nico m’a dit : « on va rentrer, je crois. Ca m’a fait plaisir de te rencontrer Jim. »

Moi franchement ça m’avait fait un peu ni chaud ni froid mais quand j’ai lu plus tard dans les journaux qu’il avait épousé une top model, j’étais quand même bien content pour lui.

Et d’ailleurs, à propos de top model, ça me rappelle une petite anecdote malheureuse qui m'est arrivée.

Wednesday, May 21, 2008

La fois où j'ai tout vomi mon 4 heures en mer des Caraïbes



Faut dire que le bateau était pas très confortable. Et puis tous les gens à bord avaient l'air bizarres, lui il lui manquait un œil, l’autre il avait perdu une jambe, et il y en avait aussi plein qui avaient un crochet à la place de la main.

Sinon c’était bien. On avait des supers costumes et j’adorais vraiment notre drapeau tête de mort. On faisait peur à tout le monde. Ils faisaient pas les fiers, croyez-moi, les navires du roi quand ils nous voyaient arriver. Et nous, tranquilles, on passait à l’abordage. Vas-y qu'on te mettait les soldats en charpie et après on se soûlait à la grenadine.

Mais mon truc préféré c’était de trouver les trésors. En général, c’était pas trop difficile parce qu’ils étaient toujours cachés derrière une chaise, mais bon, il fallait quand même y aller, avec tous les dangers sur le chemin et puis les blagues tout le long de celui qui portait un foulard et qui était très lourd. N’empêche que quand on récupérait le butin c’était la fête, et je vous garantis que plus personne n’avait mal à son crochet ou à sa jambe de bois.

Mais un jour donc, j’ai été malade, le Papy Brossard est mal passé. Et les copains ont commencé à se moquer et à m’appeler avec des noms d’oiseaux que j’avais jamais entendus.

C’était devenu impossible. Alors un soir au coin du feu je me suis énervé et je leur ai dit : «puisque c’est comme ça, moi je m’en vais, je vais aller voir chez Manpower, j'ai bien envie d'enchaîner quelques petites missions d'intérim."
Manpower, moi, je la trouvais trop bien leur pub.

J’aime autant vous dire qu'aux pirates, ça leur a cloué le bec.

Tuesday, May 20, 2008

La fois où j'ai dit à Buffalo Bill d'aller se faire cuire un oeuf




Lui, c’était trop un cador. Un type qui avait pas froid aux yeux. L’ami des enfants et des indiens, mais moins des bisons déjà.

Il se baladait comme ça en ville avec ses super moustaches et quand je l’ai rencontré il buvait un Orangina dans un saloon.

Je lui ai dit : « Hé Bill, je m’appelle Joe et moi aussi avant j’étais un vrai cow-boy. »
« Ah oui? Et maintenant tu fais quoi, Joe ? » Il m’a répondu de sa grosse voix (la vache, la grosse voix qu’il avait !).
« Ben je sais pas trop, je pensais devenir pirate peut-être. »
« Les pirates, c’est des pédés », il m'a fait du tac au tac.
« C’est ça, ouais… » ( j’essayais de prendre une grosse voix aussi mais c’était pas facile vu que j’avais pas encore mué .)
« Si, si. »
« Ouais et ben va te faire cuire un œuf »

Et je suis parti pour devenir un pirate. C’est vrai, quoi, c’est qui ce mec d’abord ?

Monday, May 19, 2008

La fois où j'ai combattu contre le Général Lee (ce qui m'a bien servi pour les mots croisés après)



C’était la guerre, donc.

Nous, on était les bleus et on n’aimait pas trop les gris, mais ça tombait bien parce qu’on n’en voyait jamais.

Dans l’ensemble c’était génial, je dois dire que j’ai pas regretté.

Je me suis fait plein de copains, on habitait tous ensemble dans un fort. Et puis il y avait un truc que j’aimais bien aussi, c’était tirer à la carabine. Je m’allongeais, bien à l’abri derrière une assiette ou un livre, j’attendais patiemment que ma cible se présente et là, pan, je ne ratais rien. Une légende, j'étais devenu.

Sinon on partait en patrouille et on tuait plein d’indiens vu qu’on voyait jamais les gars en gris.

Je me souviens que j’ai longtemps fait la guerre. Et puis qu’un jour on l’a gagnée. Ca s’est passé comme ça, un matin. La bataille n’avait pas l’air tellement différente des autres, mes copains tombaient tout autour de moi, criblés de balles. Moi, bien sûr, je tirais de tous les côtés, comme si ça servait encore à quelque chose.

Sauf que c’était la fin. Un beau gâchis si vous voulez mon avis. Un type est venu me dire, « Joe, la guerre est finie ! »
« Mais c’est pas possible, je lui ai fait, qu’est-ce qu’on va devenir ?»
« Ben, il paraît qu’ils recrutent chez les pirates. »

Alors voilà, je suis allé voir les pirates.
Sauf qu' en chemin j'ai rencontré Buffalo Bill.

Thursday, May 15, 2008

La fois où j'étais cow-boy



J’aimais me faire appeler Joe à cette époque là. Je trouvais que c’était un nom qui claquait bien. C’est que j’étais pas là pour rigoler, pas du tout. Je manquais même un peu d’humour si vous voulez tout savoir, il s’agissait pas de plaisanter avec mes cheveux. Pour faire encore plus méchant, je voulais m’habiller tout en noir pour marquer le coup, mais il y en avait plus. Alors j’ai dit, va pour le vert.

Partout où j’arrivais c’était toujours la même histoire, ma réputation me précédait, on m’attendait, on me cherchait des noises. Il y avait toujours un Jim ou un John qui avait décidé qu’il devait me régler mon compte.

Heureusement que je savais me servir d’un colt. Ca, j’en ai descendu des lascars. Pan, pan, et allez hop, dégagez ! Et puis une fois le combat terminé, je repartais, tranquille, dans le soleil couchant, même pas une pause saloon.

Je m’avalais des kilomètres de désert de moquette ou de toile cirée (mon truc préféré c’était le bulle gum), tout seul avec mon cheval – qui était assez con comme on peut le voir sur la photo.

Des fois j’étais copain avec les indiens, des fois moins, ça dépendait.

Des fois aussi je me prenais une balle, mais en général ça passait.

Et puis après j’ai démissionné, parce qu’on m’a dit que cow-boy ça voulait dire garçon vacher. Je trouvais que ça le faisait pas.

Alors je suis rentré dans l’armée, parce que c’était la guerre.


J'étais jeune, quoi.

La fois où j'ai décidé de raconter ma vie


Bien sûr aujourd’hui je suis vieux. Et je n’aime rien tant que d’aller me promener dans le parc près de chez moi. Quand il fait beau, je m’asseois sur un banc pour y lire un livre rouge. Madame Playmobil m’accompagne et nous marchons doucement car sa jambe la fait souffrir. Elle est toujours jolie avec son chapeau. Nous sommes mariés depuis longtemps déjà, mais je vous dirai tout cela bientôt, il y a le temps.

Un peu plus tard nous rentrons à la maison et nous buvons un thé. Madame Playmobil insistera pour regarder les Chiffres et les lettres. Je ferai mon ronchon mais à la vérité j’aime bien ça les chiffres et les lettres, et je me débrouille bien je crois. L’autre jour j’ai fait un 9 lettres : NOSTALGIE. J’ai bien vu que Madame Playmobil était fière de moi. Elle, elle n’avait que 8 lettres : ISOLANTE.

D’ailleurs c’est elle qui m’a dit que je devrais écrire. Elle m’a dit comme ça : « tu es fort avec les mots, tu devrais raconter ta vie, tu as eu une belle vie tu sais, bien remplie ».

Et elle a raison, j’en ai fait des choses. Des choses inimaginables même.

Le chat dort pendant que je fouille dans ma boîte à souvenirs. Madame Playmobil m’apporte une tisane.

« Alors, me fait-elle, par quoi tu vas commencer ? »

« Mais, par le début, je lui réponds, quand j’étais cow-boy. »